L’or bleu est au coeur des enjeux d’avenir. Cette eau qui coule à nos fontaines et à nos robinet, l’eau vitale pour les agriculteurs, l’eau en bouteille contaminée, l’eau privatisée dont il faut repenser le partage à l’heure du réchauffement climatique….
Une ressource à préserver et à protéger dont Marc Chaix nous fait ici le récit.
Concernant l’eau à Vence, les Romains avaient tout compris dès le 1er siècle en construisant un aqueduc pour approvisionner la Cité et faire de Vintium (Vence) une Cité thermale où les familles bourgeoises venaient « prendre les eaux ». On dit même que Popée épouse de Néron y est venue !
Pendant plusieurs siècles, la source de la Foux fut la seule exploitée. L’eau était utilisée pour les thermes, pour la boisson, pour l’arrosage des cultures et pour l’hygiène.
Les villageois allaient remplir leurs outres, seaux, bidons dont ils chargeaient leurs mulets, ânesses et bourriques, à la Fontaine Vieille située hors les murs près du Portail Levis.
Les deux fontaines monumentales ne sont apparues qu’au XVIe siècle (1539 pour le Peyra et 1578 pour la Basse Fontaine), également alimentées par La Foux.
À partir de 1870 les élus (Municipalité de Marcellin Maurel puis d’Henri Isnard) se penchèrent sur la question de la source du Riou, certes plus éloignée que La Foux, mais plus abondante.
Après plusieurs années de discussions, d’études en tous genres, la source fut finalement exploitée vers 1882 et à partir de 1886, les habitations furent alimentées directement.
Vence profitait enfin de ses deux sources, et d’autres fontaines apparurent dans divers quartiers autour de la Ville (il y en a aujourd’hui plus d’une vingtaine qui sont fêtées chaque année au mois de mai depuis plus de 15 ans).
Au début du XXe siècle Vence fournissait même de l’eau à Antibes, en vertu d’un contrat avec la Compagnie Générale des Eaux. Un procès a eu lieu en 1916 avec la même Compagnie au sujet de l’exploitation et de la livraison à Antibes.
En vertu du traité de 1882 la compagnie devait verser à la ville 5 F par mètre cube sur les eaux sorties du territoire de Vence. Un avenant de 1889 l’autorisait à ne payer que 2 F pendant 20 ans en échange d’une plus forte pression. La Commune finit par être rétablie dans son bon droit.
La Compagnie dut rembourser un peu plus de 100.000 F.
En 1923, Henri Giraud signa avec la Compagnie un avenant précisant :
-Un robinet cuisine de 200 litres par jour coûte 18 F par an ;
-Un robinet de 300 l, 24 F; un robinet supplémentaire 9 F; un robinet de 250 l de
1 à 5 personnes 27 F ;
-un robinet de 350 l de 5 à 10 personnes 36 F.
Cet avenant améliorait celui signé par Antony Mars en 1901.
En 1934, sous la Municipalité Ricord, la situation évolua encore, la Compagnie augmentant son capital de 800.000 F procurés par l’intermédiaire de la Commune.
La canalisation principale devenue insuffisante a été remplacée, les nouveaux quartiers ont été desservis et les tuyaux en fonte ont remplacé ceux en ciment et poterie, un bassin régulateur fut également établi.
L’aqueduc des Romains a été construit en deux phases au 1er siècle : sous l’empereur Néron de 54 à 68 après J-C, puis sous l’empereur Trajan de 96 à 117 ; une pierre gravée était scellée à l’entrée de la Cathédrale jusqu’au début du XIXe siècle où on pouvait lire : « A l’empereur Nerva divinisé – à ses frais – Marcus Claudius Faveninus édifia l’aqueduc sous le règne de Trajan (96-117) ».
Des vestiges de l’aqueduc étaient encore visibles sur la route du Col de Vence au début du XXI siècle (jusque dans les années 30).
L’Eau de Vence
Entre 1955 et 1962 une tentative de mise en place d’exploitation des eaux de la Foux a été initiée par Robert Bernasconi, Conseiller municipal sous la mandature de Maitre Émile Hugues et Président des Hôteliers Vençois.
Le Conseil municipal avait alors donné l’autorisation à l’association qu’il avait constituée de se substituer à la Ville pour l’accomplissement de la procédure d’autorisation d’exploitation en mai 1956.
S’en suivirent des échanges de correspondance entre la «société d’études et d’exploitation des eaux de Vence» présidée par le Général Alessandri, et la Préfecture.
Des études concernant le débit de la source, la qualité de l’eau, les possibilités de vente, les résultats financiers probables sur les 3 premières années d’exploitation ont été conduites entre 1956 et 1959.
En mai 1959 un étrange courrier de la Préfecture faisant référence à une information du Directeur départemental de la Santé indiquait que «L’eau de la Foux présente, après les pluies, une contamination assez importante». En conséquence la demande d’autorisation d’exploitation ne peut être accordée.
Malgré cela, M. Bernasconi continua d’échanger avec des spécialistes nationaux, et des représentants de groupes financiers, notamment en octobre 1960, sous la mandature Maître Maret.
La presse locale a suivi l’évolution de la situation dans ces années-là, et le projet semble avoir été abandonné au milieu des années 60.
Au sujet de l’eau à Vence il faut mentionner le lavoir municipal très utilisé, à partir du XIXe siècle, notamment avant l’arrivée de l’eau dans les habitations et même après.
Concernant la question de l’eau et l’agriculture à Vence, il faut également évoquer les nombreux bons vieux bassins d’arrosage circulaires, qui étaient sur la quasi totalité des propriétés et dont il reste encore quelques spécimens dans la campagne. Ils ont disparu au fil du temps tandis que les terrains agricoles étaient vendus pour les constructions d’immeubles et de résidences secondaires dans les trente glorieuses.
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