Sur les pas d’un immense créateur…
1.Location de l’appartement dans la Villa Alexandrine
Après avoir visité l’appartement au deuxième étage de la Villa Alexandrine (en septembre 1964) Rita et Witold Gombrowicz sont assis sur un banc de la place du Grand-Jardin, à l’ombre des platanes. On entendait l’eau de la Foux couler dans les fontaines. Les gens étaient aux terrasses des cafés. C’était paisible et accueillant. Vence et l’appartement plaisaient à tous les deux. « Nous le prenons. C’est le destin ! » a dit Witold. Il déménagent le 22 octobre de la même année. Et cet appartement a comblé tous leurs besoins. Il s’y sentaient reliés au coeur de la ville même sans sortir.
2. Ils adoraient aller dans les cafés de la Place du Grand-Jardin
Select – premier à gauche, proche de la rue Henri Isnard (chez Tony et son fils Max Torterello) fréquenté par les jeunes du lycée Montaigne que Gombrowicz appelait la Nouvelle vague. Gombrowicz y jouait aux échecs avec ses amis ou les jeunes du lycée.
La Régence (premier à droite de Select) qui était fréquenté par les artistes tels que Chagall ou Matisse. Cet endroit devient l’un de leurs endroits préférés pour prendre un café. Rita et Witold n’ont pas de table habituelle mais le plus souvent ils prennent un café en terrasse. La Victoire (à droite de La Régence). Rita suggérait à Witold qu’ils restent fidèles à un café alors que lui disait que « l’homme doit se sentir libre et ne pas s’attacher à un seul endroit ». Ils fréquentent donc régulièrement tous les cafés sur la Place du Grand-Jardin.
3. Promenades en ville
Ils partaient à midi pour une heure de promenade. Gombrowicz appelait ces petites excursions « les promenades hygiéniques ». Ils avaient l’habitude d’effectuer deux promenades dans la ville, surtout avant l’achat de la voiture Citroen 2 CV en 1965.
La première partait à gauche en sortant de la Villa Alexandrine, elle passait ensuite par l’Avenue de la Résistance, le boulevard Emmanuel Maurel pour arriver à la Chapelle du Calvaire, située au 82 Allée du Parc. Ils s’asseyaient pas loin de la chapelle pour admirer les vues.
La deuxième promenade traversait la place du Jardin pour entrer dans le vieux Vence. Ils passaient ensuite par la Porte du Peyra, la Place du Peyra, la rue du Peyra, la Place Clemenceau devant la Mairie, la rue Alsace Lorraine et la rue du Marché où ils faisaient souvent leurs courses.
4. Les endroits préférés et les plus romantiques pour les promenades en voiture autour de Vence
Ils adoraient ces promenades quand ils se sont achetés la voiture Citroen 2 CV en 1965. Ils partaient à midi pour une heure et à partir de 1967 pour plus qu’une heure.
Ils prenaient la route D 102 de Vence en direction de Saint-Paul. Ils traversaient le quartier résidentiel de l’Ara. Ils partaient ensuite soit dans les villes, soit dans les collines près de Vence. « Les plus beaux voyages sont de petites excursions autour de Vence, tout comme Picwick dans la banlieue de Londres » disait Witold.
Ces voyages dans les environs de Vence, et notamment le côté nordique rappelait à Gombrowicz les montagnes Tatras en Pologne alors que le côté mer et sud lui rappelait l’Argentine.
En hiver ils allaient souvent à Juan-les-Pins, Villefranche-sur-Mer ou Cabris. En été par contre pour arriver au Col de Vence ou dans les collines de pierres, les baous – les pitons rocheux qu’ils admiraient.
Vers la fin de ces promenades – cela avait lieu surtout à partir de 1967 quand Gombrowicz a reçu le prix Formentor – une récompense internationale des éditeurs, quand ils avaient donc un peu plus d’argent – ils allaient déjeuner dans les petites pensions, sur les terrasses. Gombrowicz adorait aller aussi à l’hôtel Saint Martin pour y faire son courrier parce qu’il n’y avait personne dans cet hôtel de luxe.
Les années 1967 et 1968 étaient particulièrement studieuses : Rita écrivait sa thèse de doctorat sur Colette alors que Gombrowicz écrivait Testament. Entretiens avec Dominique de Roux.
5. Bibliothèque Municipale
Witold avait quatre livres quand il a déménagé à Vence : « Lecciones preliminares de filosofia » de Manuel Garcia Morente, « L’Etre et le Temps » de Heidegger, « L’Etre et le Néant » et « Saint Genet, comédien et martyr » de Jean-Paul Sartre.
Ils se sont inscrits avec Rita à la Bibliothèque Municipale « Culture et Bibliothèque pour tous » située avenue de la Résistance.
A chaque fois quand Gombrowicz déménageait, il donnait tous ses livres c’est pourquoi qu’il en avait si peu quand il s’est installé à Vence.
A la Bibliothèque municipale il demande à Rita de lui emprunter essentiellement des mémoires, des biographies et des récits concernant le stalinisme, le nazisme ainsi que des livres sur la seconde Guerre Mondiale.
6. Restaurant La Farigoule
Ils allaient souvent au restaurant de La Farigoule, au 15 Avenue Henri Isnard.
Ils aimaient bien ce restaurant très provençal qui donnait sur un joli jardin. Gombrowicz pour s’amuser changeait l’ordre des plats. Il commençait par le café, il prenait ensuite le dessert, le plat principal et terminait par l’entrée.
7. Cimetière
Quand ils passaient à côté du Cimetière, Witold disait « voici ma dernière demeure ».
Le 28 mars 1969 Rita et Witold déménagent à la Résidence Val-Clair, située sur le chemin vers Saint-Paul de Vence où Gombrowicz mourra quelques mois plus tard le 24 juillet 1969.
Il est enterré au Cimetière de Vence.
Sa tombe est faite de pierres des Baous, ses pierres préférées.Sources : Livre « Gombrowicz en Europe » de Rita Gombrowicz, éd. Denoël et « Entretiens avec Rita Gombrowicz » réalisés par Mariola Odzimkowska en avril 2018
Informations recueillies et présentées par Anna Lappo-Malosse et Mariola Odzimkowska, dans le cadre du budget de la bourse du Ministre de la Culture et du Patrimoine National de la République de Pologne.